Quand Blaise Compaoré divise l’opinion ivoirienne

23 décembre 2015

Quand Blaise Compaoré divise l’opinion ivoirienne

Depuis son départ du pouvoir en octobre 2014, suite à une révolte populaire, Blaise Compaoré vit en Côte d’Ivoire. Jusque-là, personne ne s’occupait de lui. Et l’homme se fait aussi si discret, qu’on l’oublie souvent. Je l’avoue, j’estime moi-même que c’est la meilleure façon pour lui de vivre «caché» dans un pays où il a certes des amis, mais aussi des « ennemis », qui ne souhaitent pas le voir rester sur le sol ivoirien.
Donc, on n’entendait presque plus parler de Blaise Compaoré, comme s’il ne vivait plus à Abidjan. Mais, il a fallu que la justice militaire du Burkina Faso lance cette semaine un mandat d’arrêt international contre lui pour l’assassinat de Thomas Sankara en octobre 1987 pour que l’ancien homme fort de Ouagadougou cristallise l’actualité en Côte d’Ivoire. D’abord, la une des journaux ivoiriens. Et ensuite, les débats dans l’opinion publique ivoirienne.
Là, deux positions sont tranchées, comme j’ai pu le constater lundi dernier, dans un maquis, où je prenais un pot avec un ami. Il y a d’un côté, ceux qui jubilent à l’idée de voir Blaise Compaoré être extradé au Burkina Faso pour être jugé et…condamné. En général, ce sont les partisans de Laurent Gbagbo, qui reprochent toujours à l’ex-président burkinabé d’avoir soutenu la rébellion et contribué, selon eux, à la chute de l’ancien président ivoirien. Et de l’autre, il y a ceux qui ne veulent pas voir Blaise Compaoré être livré à la justice de son pays, estimant qu’il a pris une part active dans la résolution de la crise ivoirienne, en acceptant d’être dans un premier temps le facilitateur et ensuite en abritant les pourparlers ayant abouti à l’Accord Politique de Ouagadougou, qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’élection présidentielle de 2010. Aussi, chez ces pro-Blaise la fibre sentimentale et familiale joue. Certains estiment clairement que Blaise Compaoré est notre « beau » (entendez beau-frère), il est en effet marié à une Ivoirienne, donc il est Ivoirien également comme l’autorise le code de la nationalité ivoirienne. Il ne peut donc en aucun cas être extradé.
Entre ces deux positions, chacun y va de son commentaire. Mais, je pense, à l’analyse, que les autorités ivoiriennes ne livreront pas Blaise Compaoré. La relation qui les lie est plus fraternelle qu’autre chose. Sans oublier implicitement ou explicitement, le devoir de reconnaissance vis-à-vis de l’ancien locataire du Palais de Kosyam. Et puis, dans notre culture africaine, les sages enseignent que quand qu’un fuit un danger pour se réfugier chez vous, vous ne devez pas aussi tôt le livrer à ceux qui le poursuivent. L’argument peut paraître léger, aux yeux de certaines personnes, mais quoi qu’il en soit, je reste persuadé que ce n’est pas maintenant que la justice militaire burkinabé pourra mettre le grappin sur Blaise Compaoré. De toute évidence, c’est un autre feuilleton qui commence…
Yacouba

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