Trop de suspense…pour peu !

14 janvier 2016

Trop de suspense…pour peu !

Jamais un remaniement ministériel n’avait autant cristallisé l’attention des médias et des populations en Côte d’Ivoire. Je l’avoue, j’étais aussi impatient à l’idée de connaître la nouvelle équipe gouvernementale, après la démission de l’équipe Duncan II, le mardi 5 janvier 2016.
A l’instar de beaucoup d’Ivoiriens, l’attente a été aussi longue pour moi. Chaque jour, je scrutais l’horizon, espérant que ce nouveau gouvernement serait connu au plus tard le week-end dernier. Entre-temps, les bruits allaient dans tous les sens. Dans la ville d’Abidjan, dans le pays tout entier, sur les réseaux sociaux, chacun y allait de son pronostic et les rumeurs ne cessaient d’enfler. Les bruits plus fous couraient sur les noms des ministres qui quittaient le gouvernement. Tantôt, c’était ceux qui avaient plus de dix ans de présence, tantôt c’était les responsables de partis et présidents de conseils régionaux. Bref, ça allait dans tous les sens, que je n’osais plus me lancer dans ces supputations.
Mais, derrière ces bruits, il faut plutôt noter une grosse attente des Ivoiriens dans l’ensemble : voir leur gouvernement être renouvelé, avec des personnalités politiques ou des technocrates plus jeunes.
Et au fur et à mesure que la date fatidique du 13 janvier donnée par le président Ouattara pour la formation du nouveau gouvernement approchait, le suspense grandissait, si bien que j’avais l’impression que la vie s’arrêtait. D’ailleurs, dans les ministères, les agents ne travaillaient plus, se demandant si leur patron allait être maintenu ou pas.
Finalement, la fumée blanche, tant attendue, sortira le mardi 12 janvier. Ce jour-là, en direct sur les antennes de RTI1( la radiodiffusion télévision ivoirienne), le ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la République, Amadou Gon Coulibaly dévoile la composition du nouveau gouvernement. Une équipe de 36 femmes, dont 9 femmes, avec une moyenne d’âge de…60 ans ! Au total, il n’y a eu que 5 « petits » départs et 9 entrants. Et à l’arrivée, c’est une grosse déception mêlée d’un sentiment de colère qui m’anime ainsi que la plupart des Ivoiriens. Le vrai changement que nous attendions n’a pas eu lieu. Et bien plus, des ministres qu’on n’espérait plus revoir au gouvernement, tant leur bilan n’est pas du tout satisfaisant, ont été confirmés dans leur fonction.
Depuis, les commentaires, pour la plupart, acides pleuvent sur ce 1er gouvernement du 2ème mandat du président Alassane Ouattara. De toutes les réactions, ce que je retiens, c’est que le chef de l’Etat a fait du neuf avec du vieux. Conséquence : je reste sur ma faim. Peut-être que je devrais me faire une raison sur le fait qu’Alassane Ouattara n’est plus le même homme qu’en 1991, quand il avait été nommé Premier ministre de Côte d’Ivoire. Le technocrate très craint, et dur d’alors a fait place aujourd’hui à un homme politique, tenu par beaucoup de pesanteurs qui l’empêchent manifestement de trancher dans le vif ses décisions. Un homme qui ménage certaines susceptibilités et qui fait, sans doute, des calculs politiques.
Dans 11mois, les élections législatives auront lieu. J’espère qu’après cette échéance, il répondra enfin à notre attente : changer en profondeur son gouvernement. En mettant dehors, ceux qui n’auront rien fait.

Yacouba

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