Pays à l’envers ?

19 septembre 2016

Pays à l’envers ?

La Côte d’Ivoire est décidément un pays où l’on peut tout se permettre. Même les incongruités les plus inimaginables. C’est fou, je vous assure que c’est pourtant la vérité. Il y a quelques jours, la ministre de la Salubrité urbaine et de l’Assainissement, Anne Désirée Ouloto, recevait, à son cabinet au Plateau, quartier des affaires d’Abidjan, des opérateurs économiques d’origine libanaise, précisément une délégation de la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire (Ccil-CI). Comme elle savait que le sujet de la discussion, qui avait trait à l’interdiction des sachets plastiques, était hyper important, Mme Ouloto a pris le soin d’y convier son collègue des Mines et de l’Industrie, M. Jean-Claude Brou. La suite des débats lui donnera pleinement raison. Et on comprend qu’elle avait vu vraiment juste, en demandant du « renfort ».

Venons-en aux faits. Donc face à nos deux membres du gouvernement, les représentants de la Ccil-CI, particulièrement son directeur général Michel Rustom, ont le toupet de demander la non application du décret signé par le chef de l’état, Alassane Ouattara, portant production, commercialisation, exportation et utilisation des sachets plastiques. En clair, ils chargent les ministres Ouloto et Brou d’aller dire à leur patron, le président de la République, d’annuler cette décision, bel et bien motivée, car prise pour protéger l’environnement. Ce qui les préoccupe, c’est les milliards qu’ils peuvent se faire avec les sachets plastiques. La santé des populations vivant en Côte d’Ivoire ? Que nenni !

C’est vraiment le monde, que dis-je,… le pays en l’envers. Dans un état qui se respecte, une telle démarche est inimaginable, à plus forte raison envisageable. Mais, comme nous sommes en Côte d’Ivoire, des gens se croient au-dessus de la loi. Heureusement que les ministres Anne Ouloto et Jean-Claude Brou ont remonté les bretelles à ces affairistes sans scrupules. Pour autant, il ne faudrait pas s’arrêter là. Car, si ces opérateurs économiques ont osé leur faire cette proposition pour le moins indécente, c’est qu’ils ont vu, comme on dit à Abidjan, dans leurs yeux. Autrement dit, ils n’ont pas senti, au préalable, en eux une vraie fermeté. Sinon, ils ne seraient pas permis de le faire. C’est pourquoi, nos deux ministres doivent se battre pour faire appliquer la loi interdisant les sachets plastiques dans toute sa rigueur. Sans exception. Si au Rwanda, l’interdiction des sachets plastiques est totalement respectée, il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas autant chez nous. La partie vient d’être relancée, contre sans doute leur gré, par les responsables de la Ccil-CI. La balle est maintenant dans le camp de nos autorités. On attend de voir s’ils vont prendre ou non leurs responsabilités.

Yacouba

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