Ah Gabon, toi aussi !

19 septembre 2016

Ah Gabon, toi aussi !

En Afrique, c’est devenu désormais endémique, l’élection présidentielle débouche très souvent sur des conflits. Les exemples sont légion : Côte d’Ivoire, Congo, Togo…J’espérais que le Gabon, jusque-là réputé pour sa stabilité, fasse exception.

Même quand la tension montait pendant la campagne électorale, je me disais que les Gabonais n’oseraient pas franchir le Rubicon. Mais, hélas, le virus des violences post électorales a fini par frapper de plein fouet ce pays de l’Afrique centrale.

Depuis donc la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, le mardi 30 août 2016, donnant Ali Bongo vainqueur avec 49,80% des voix contre 48,23% pour son adversaire Jean Ping, le Gabon s’embrase.

Affrontements entre manifestants pro-Ping et forces de sécurité, vandalisme, pillage et incendie de bâtiments publics abritant des institutions notamment l’Assemblée nationale…Bref, Libreville est devenu un champ de bataille. Et les premières victimes se comptent déjà : au moins cinq morts, selon une dépêche de RFI, et 27 opposants « séquestrés » au QG de Jean Ping, qui, lui, est, sans surprise, « en lieu sûr », pour ne pas dire « planqué quelque part».

Ce qui m’inquiète dans tout ça, c’est non seulement la détermination des deux protagonistes, Ali Bongo et Jean Ping, d’en découdre, mais surtout le silence troublant des chefs d’État du continent. Même les voisins du Gabon se sont murés, comme une carpe, dans un silence de cathédrale. Je crois que, comme on dit à Abidjan, personne ne veut se « mouiller », tant l’issue de cette bataille gabono-gabonaise semble incertaine.

J’ai le sentiment que le Gabon est abandonné à son triste sort. C’est comme si les autres pays du continent lui disaient : «Tu l’as cherché, tu l’as trouvé. Débrouille-toi pour t’en sortir». Le Gabon m’a déçu. Il n’a pas su prendre ses distances avec les maux qui minent les autres pays du continent. C’est vraiment dommage, les Gabonais sont en train de détruire leur pays. Houphouët-Boigny disait et je cite : «  Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu, faisons en sorte que nous n’ayons jamais à le perdre… ». Et la sagesse africaine enseigne que « celui qui n’a jamais fait la guerre ne connaît pas le prix de la paix».

Je suis certain que quand ils sortiront de cette impasse, les Gabonais mesureront mieux l’importance du bonheur et de la paix. D’ici là, j’espère que ce « Ping Bong (o)» ne fera pas trop de dégâts. Même si 5 morts, c’est déjà trop !

Yacouba

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