meschak25

De supporteurs « maso » à… supporteurs confiants !

Il y a trois semaines, lorsque la CAN 2015 débutait, les Ivoiriens, dans leur écrasante majorité, ne misaient pas un kopeck sur leurs Eléphants footballeurs. Pour, à mes yeux, trois raisons essentielles. La première, c’est que nous n’avions pas fini de digérer la déception du Mondial brésilien où les Eléphants ont laissé une qualification historique pour les 8èmes de finale, qui leur tendait pourtant les bras (défaite face à la Grèce, 1-2, dans les arrêts de jeu). La deuxième, c’est que les Eléphants ont fait une campagne éliminatoire poussive, avec à la clé, une défaite inattendue à Abidjan face aux Léopards de la RD Congo (3-4). Et la troisième, c’est que l’équipe était en reconstruction, avec la retraite internationale de deux de ses cadres emblématiques : Didier Drogba et Didier Zokora.
Personne ne croyait donc en cette équipe, et ceux qui osaient porter le maillot orange, à chaque match de nos pachydermes, était taxé de supporters « maso », diminutif de masochistes. Autrement dit, des gens qui tirent leur plaisir du fait qu’on les fasse souffrir. Et puis, l’entrée timide des Eléphants dans la compétition avec un nul d’entrée (1-1) face à la Guinée, après avoir été longtemps menés, en a rajouté au scepticisme des uns et des autres.
Je l’avoue, moi-même j’avais de gros doutes que cette équipe se retrouverait aujourd’hui en finale de la CAN. Mais, depuis le match contre le Cameroun, où les Eléphants ont été combatifs et solidaires, les Ivoiriens ont repris confiance en leur équipe nationale. Beaucoup d’entre eux, y compris moi, ont sorti de leur placard leur maillot, lors du quart de finale contre l’Algérie, il y a une semaine.
Aujourd’hui, nous sommes plus que confiants, surtout après la victoire probante contre la RD Congo en demi-finale. Pour moi et aussi pour de nombreux Ivoiriens, l’heure de la Côte d’Ivoire a enfin sonné, après deux finales perdues en 2006 (contre l’Egypte) et 2012 (contre la Zambie), à chaque fois aux tirs au but. Comme le chante si bien JC Pluriel, un artiste zouglou, c’est « l’année de notre année». Et le dimanche 8 février sera, « le jour de notre jour », comme aimait à le dire Vieux Ménêkrê, un vieil homme devenu, il y a quelques années, célèbre grâce à une émission de télé humoristique. Toute la Côte d’Ivoire attend donc ce trophée depuis …1992, année de son unique sacre à la CAN, au Sénégal. Entre-nous, ça fait une unité non ?
C’est pourquoi, je ne veux rater pour aucune raison cette finale contre Ghana. Dimanche, c’est à Berlin où je me trouve en ce moment, que je suivrai la finale chez un compatriote, qui a déjà garni son frigo de boisson. La « bouffe» est également prête. On attend plus que le moment idéal pour s’éclater et faire la fête jusque tard dans la nuit. Mais, en attendant, la balle est dans le camp des Eléphants. Et j’espère qu’ils ne feront plus de nous des supporters « maso ». Allez les Eléphants !
Yacouba


Non, Charlie n’est pas mort !

C’est avec beaucoup de peine que j’écris ces quelques lignes. Depuis hier, mercredi 7 janvier 2015, mon cœur saigne, mon âme est en peine. Je ne comprends toujours pas l’horrible massacre que deux hommes en cagoule ont commis dans la rédaction de l’hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo ». Le bilan donne froid dans le dos : 12 morts dont les dessinateurs emblématiques de « Charlie Hebdo» : Cabu, Charb, Tinous, Wolinski… Comment des êtres ont-ils pu commettre une telle cruauté ? Au nom de qui et de quoi ? Allah ? J’en doute, parce qu’en aucun cas, l’islam ne recommande de tuer son prochain, encore moins aussi froidement que ces « fous » l’ont fait.
S’ils croyaient tuer ainsi Charlie, ils se sont trompés lourdement. Car, Charlie n’est pas mort ! Certes, Cabu, Charb, Tinous et Wolinski ne seront plus là, mais Charlie vivra.
A l’instar du monde entier, je suis sous le choc. Et je me demande si nous les hommes n’avons pas pris la place des animaux. Parce que pour commettre ce que ces tueurs ont fait à la rédaction de « Charlie Hebdo», il faut être dénué de raison et d’humanité. Pour ne pas dire être atteint de schizophrénie.
Aux familles des 12 martyrs de la liberté de la presse, pour moi ils le sont déjà, je souhaite un courage dantesque pour surmonter cette tragédie, sans nom. J’ai une pensée profonde pour vous et je comprends surtout la douleur immense qui vous étreint en ce moment. L’assassinat crapuleux et lâche de Charb et de ses collaborateurs doit être un motif de résistance de plus, pour nous, contre ces illuminés qui prétendent se battre pour une religion qu’ils ne connaissent pas vraiment. L’islam n’a que faire des meurtriers et cinglés comme ces terroristes. Je suis Charlie ; et je resterai toujours Charlie. Oui, au nom de la liberté de la presse, Charlie n’est pas mort !

Yacouba


Psychose à Abidjan

« Papa, ils ont enlevé un enfant devant notre école. Ils l’ont pris de force pour le mettre dans une voiture 4X4 et ils sont partis avec lui. Mémé nous a dit de ne plus sortir ». C’est la confidence que mon fils aîné, âgé de 14 ans, m’a fait samedi 31janvier, lorsque je suis allé leur, lui et son cadet, rendre visite à Yopougon, vaste commune populaire d’Abidjan chez leurs grands-parents, où ils vivent et fréquentent.
Derrière toute l’innocence que je lisais sur son visage, quand il me parlait, j’ai noté une grande psychose, à l’image de celle qui règne en ce moment à Abidjan, et principalement à Yopougon, autour du phénomène d’enlèvements d’enfants. Dans cette cité, la semaine qui vient de s’écouler a été très mouvementée : un homme a été lynché et il a failli, de peu en mourir ; les élèves ont été retirés des écoles par leurs parents ; les suspicions font rage. Les rumeurs aussi ! Et les plus farfelues circulent sur les téléphones portables et les réseaux sociaux. Certains vont jusqu’à dire que les ravisseurs frappent aux portes des domiciles, en se faisant passer pour des gens qui sollicitent une aide et dès que vous les ouvrez la porte, ils sautent sur vous. Vraiment surréaliste !
S’il est vrai qu’on entend tout et n’importe quoi sur les enlèvements d’enfants, il n’en demeure pas moins que le phénomène existe. Les autorités ivoiriennes ont annoncé officiellement avoir enregistré 25 cas d’enlèvements d’enfants, dont 5 corps ont été retrouvés mutilés, et d’autres non. C’est déjà beaucoup. Et cela dénote de l’ampleur de cette pratique répugnante et condamnable.
En riposte, elles disent avoir mobilisé 1500 hommes en tenues (policiers, gendarmes et militaires) pour traquer les sinistres individus qui enlèvent les enfants. Et des arrestations ont même eu lieu, mais, à Abidjan, l’inquiétude demeure. C’est la peur panique, et les parents ne veulent pas laisser, surtout dans certains quartiers de Yopougon, leurs enfants aller à l’école, de peur qu’ils se fassent kidnappés. A l’instar de ceux-ci, je l’avoue, je redoute l’idée qu’on laisse sortir les miens, sans qu’ils ne soient accompagnés, parce qu’effrayé, rumeur ou pas, par tout ce qui se raconte sur ce phénomène. C’est vous dire, combien cette situation est préoccupante. Vivement qu’on y trouve une solution. Et le plus vite sera le mieux.

Yacouba


Un « gaou » à Berlin !

Depuis que j’ai appris que j’avais été sélectionné pour participer au Programme des Visiteurs initié par le ministère allemand des Affaires étrangères dans le cadre de la 65ème édition du festival international du film de Berlin (La Berlinale) qui se tient du 5 au 15 février 2015, j’attendais ce moment avec impatience. Celui de découvrir enfin la ville de Berlin, dont on m’avait dit beaucoup de bien.
En montant dans l’avion, mardi nuit, j’avais la tête pleine d’idées : où vais-je aller en premier ? Quel endroit visiter ? Comment vais-je trouver le festival international de film de Berlin ? En foulant le sol de Berlin, précisément de l’aéroport international Tegel, j’ai été accueilli par un hôte inattendu, ou que je n’attendais pas à ce point : le froid hivernal.
A Berlin, la température est glaciale. Je dirai même sibérien. Imaginez quelqu’un qui quitte Abidjan où le thermomètre affiche 33 ° et atterrit à Berlin, où il fait -3°. Je ne vous raconte pas le choc thermique : peau séchée, mains frigorifiées, les narines qui coulent et, le plus terrible, les oreilles qui sifflent. A cela s’ajoute, un moment d’égarement dans la ville où j’ai marché, marché, et marché, durant plus d’une heure, pour chercher mon hôtel dont je ne retrouvais plus l’emplacement.
Malgré ces péripéties, j’éprouve une immense joie de découvrir une belle ville, avec des buildings imposants et impressionnants, et surtout un festival hyper bien organisé, où tout est réglé, presque comme du papier à musique. Et, cerise sur le gâteau, j’ai rencontré depuis que je suis là, des personnes intéressantes (réalisateurs, producteurs, directeurs de films etc.). De toute évidence, mes trois premiers jours à Berlin sont déjà une expérience formidable. J’espère vivre encore d’autres moments inoubliables dans la capitale allemande.
Yacouba


Ces mesures qu’on ne respecte jamais !

En prélude à mon voyage pour Berlin, en Allemagne, dans le cadre de la 65ème édition de la Berlinale, Festival international de film de Berlin, je suis allé mardi dernier à Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan où pullulent beaucoup de commerces, chercher un blouson contre le froid.
C’est derrière l’immeuble Mirador, que j’en ai finalement trouvé à mon goût. Après avoir conclu le marché avec le vendeur et lui avoir remis l’argent, grande fut ma surprise de le voir plier le blouson dans un sachet plastique noir. « Mais, c’est interdit », lui fais-je remarquer. Il me répondit laconiquement : « Ici, tout le monde utilise les sachets et il n’y a rien».
Pourtant, depuis plus de six mois, les autorités ont interdit, dans le souci de préserver l’environnement, l’importation, la fabrication et la vente de sachets plastiques non biodégradables. Du moins, c’est une décision officielle. Sur le terrain, elle n’est pas respectée par les commerçants, même si les pharmacies emballent aujourd’hui les médicaments achetés dans des sachets en papier et que les grandes surfaces proposent à leur clientèle la vente de sachets biodégradables. Dans la ville, l’on voit ici et là des gens circuler avec sachets plastiques non biodégradables, au vu et au su de tous.
A l’image de celle qui concerne les sachets plastiques, plusieurs autres mesures d’interdiction sont foulées au sol par les populations. Les gens continuent de téléphoner au volant, les vendeurs ambulants écument toujours les grandes artères d’Abidjan, les maquis poursuivent leur nuisance sonore, au-delà de minuit, les trottoirs sont encore occupées par des commerçants…L’interdiction de fumer la cigarette dans les lieux publics n’est pas non plus respectée, tout comme celle portant sur la vente dans les rues de baguettes de pain. Bref, en Côte d’Ivoire, on « déchire » les mesures d’interdiction, sans que rien ne se passe. C’est comme si le gouvernement manquait de courage pour faire appliquer ses propres décisions. A cette allure, l’émergence que l’on clame à tue-tête n’est pas pour demain.

Yacouba


Tempête à l’horizon à Ouaga ?

Plus de trois mois après le soulèvement populaire qui a abouti au départ de Blaise Compaoré, le Burkina Faso semble encore dans une situation fragile. Le feu couve peut-être, et je pense que les choses risquent d’exploser un jour.

Dernier frou-frou en date, la crise entre le régiment de sécurité présidentielle, dirigé par le général Gilbert Diendéré, et le premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida.

Le premier demande la démission du second, qui avait lui tenté de dissoudre cette unité. Finalement, les deux parties ont fait la paix des braves. Ainsi, ce régiment ne disparaîtra plus, quand le premier ministre demeure lui à son poste.

Quoiqu’on qu’il en soit, un ressort semble cassé, entre eux et la crise de confiance va plus prendre d’ampleur. Chaque camp se méfiera davantage de l’autre, redoutant qu’il lui joue un mauvais tour. C’est ce contexte peu rassurant, que le président de transition, Michel Kafando va, je pense, essayer de colmater les brèches, en conduisant le pays vers sa première vraie élection présidentielle démocratique.

Là aussi, je suis pertinemment convaincu, elle donnera lieu à une lutte enflammée, entre Zéphirin Diabré, l’opposant historique, qui lorgne le fauteuil présidentiel depuis de longues années, et Rock Marc Christian Kaboré, ex-baron de l’ancien parti au pouvoir, qui a eu le nez creux en quittant Blaise Compaoré, deux ans avant sa chute. Et entre les deux, un troisième larron, Djibril Bassolé, risque de créer la surprise, puisque sa candidature est suscitée par une partie du peuple.

Reste à espérer, que l’élection se tienne vraiment en octobre 2015, comme prévu par le gouvernement de transition et surtout que les palabres entre Diendéré et Zida ne viennent pas tout mélanger, et placer le Burkina dans une période d’incertitude. Si les Burkinabè sont descendus massivement dans la rue, fin octobre 2014, c’est parce qu’ils avaient, au-delà de l’appel de l’opposition, une grande soif de changement. Il ne faut pas oublier, dans ce pays, toute une génération de personnes, n’avait connu qu’un seul président : Blaise Compaoré.

Et au-delà de ces atermoiements, ce qui est essentiel, c’est la tenue effective d’élections transparentes, crédibles et ouvertes. Sinon, la révolution n’aura servi à rien…
Yacouba