Psychose à Abidjan

6 février 2015

Psychose à Abidjan

« Papa, ils ont enlevé un enfant devant notre école. Ils l’ont pris de force pour le mettre dans une voiture 4X4 et ils sont partis avec lui. Mémé nous a dit de ne plus sortir ». C’est la confidence que mon fils aîné, âgé de 14 ans, m’a fait samedi 31janvier, lorsque je suis allé leur, lui et son cadet, rendre visite à Yopougon, vaste commune populaire d’Abidjan chez leurs grands-parents, où ils vivent et fréquentent.
Derrière toute l’innocence que je lisais sur son visage, quand il me parlait, j’ai noté une grande psychose, à l’image de celle qui règne en ce moment à Abidjan, et principalement à Yopougon, autour du phénomène d’enlèvements d’enfants. Dans cette cité, la semaine qui vient de s’écouler a été très mouvementée : un homme a été lynché et il a failli, de peu en mourir ; les élèves ont été retirés des écoles par leurs parents ; les suspicions font rage. Les rumeurs aussi ! Et les plus farfelues circulent sur les téléphones portables et les réseaux sociaux. Certains vont jusqu’à dire que les ravisseurs frappent aux portes des domiciles, en se faisant passer pour des gens qui sollicitent une aide et dès que vous les ouvrez la porte, ils sautent sur vous. Vraiment surréaliste !
S’il est vrai qu’on entend tout et n’importe quoi sur les enlèvements d’enfants, il n’en demeure pas moins que le phénomène existe. Les autorités ivoiriennes ont annoncé officiellement avoir enregistré 25 cas d’enlèvements d’enfants, dont 5 corps ont été retrouvés mutilés, et d’autres non. C’est déjà beaucoup. Et cela dénote de l’ampleur de cette pratique répugnante et condamnable.
En riposte, elles disent avoir mobilisé 1500 hommes en tenues (policiers, gendarmes et militaires) pour traquer les sinistres individus qui enlèvent les enfants. Et des arrestations ont même eu lieu, mais, à Abidjan, l’inquiétude demeure. C’est la peur panique, et les parents ne veulent pas laisser, surtout dans certains quartiers de Yopougon, leurs enfants aller à l’école, de peur qu’ils se fassent kidnappés. A l’instar de ceux-ci, je l’avoue, je redoute l’idée qu’on laisse sortir les miens, sans qu’ils ne soient accompagnés, parce qu’effrayé, rumeur ou pas, par tout ce qui se raconte sur ce phénomène. C’est vous dire, combien cette situation est préoccupante. Vivement qu’on y trouve une solution. Et le plus vite sera le mieux.

Yacouba

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